1. |
Aptonymes
02:57
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Car sa maman et son papa
Rêvaient de jumeaux qu’ils n’eurent pas
Son nom évoquait un cordon lié
Brutus L’Allier tiret
Premier
Gravée au cœur d’un baptistaire
La mémoire strangulée de Second son frère
Donnait à son ombre une charge hors pair
Le poids d’une croix plantée dans la terre
Sa consolation venait de Abel
Le petit garçon avec deux ailes
Qui jouait à l’ange dans la ruelle
Volait au secours ou Chez Marcel
Dépanneur ambigu
Son nom sa mère l’avait voulu
Pour sa petite fille à queue de cheval
L’histoire coupe court où ça fait mal
Elle s’appelait comme elle voulait
Personne tout-le-monde elle s’en soûlait
Elle avait quelque chose de public
Un cœur une tête quête onirique
Ses initiales étaient A. R.
C’était du vent crachin de bière
Ou peut-être était-ce R. A.
Comme dans l’envers d’une sans-endroit
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2. |
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J’ai tendu la langue
Au docteur en linguistique
Qui voulait comprendre
Les maux que j’ai pas
J’ai dit : « Ah!
Ma langue ulcère
Si bien que je la serre
Au creux de ma poche
Je la veux toute proche »
Une fois dans le noir
À bout d’espoir
Ma langue se demande ce qu’on dirait
Si elle décidait de ne plus sortir
Quand le silence vient ouvrir
Souhaits désirs
Le monde tremble
Et quand elle file
Un mauvais coton
Ma langue file à l’anglaise
Ma langue
Elle est malaise
On craint bien qu’un jour elle ne disparaisse
Mais ce que je crains c’est l’herpès
J’ai des problèmes de culture
Bactérienne
Quand le silence vient ouvrir
Souhaits désirs
Le monde tremble
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3. |
Place Versailles
04:05
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J’irai à la place Versailles
Muni d’un attirail
De gousses d’ail
Faire fuir les vampires à la paille
Qui suçotent les failles
De nos cottes de mailles
J’irai à la place Versailles
Comme un épouvantail
J’enfilerai l’uniforme uniforme
Les couleurs au goût de leurre
Le logo l’horreur
Je serai l’employé du mat
Le corps placardé sur une croix
Sur moi
J’irai le corps couvert de mailles
Des pustules qui s’écaillent
Livrer bataille
À la bêtise qui tenaille
À la musique qui nous taille
En pièces et en paille
J’irai à la place Versailles
Un pieu dans leur poitrail
Le non-sens la croissance la dépense la béance les récompenses
Je cherche le silence
Des écouteurs plein les narines
Des p’tits beats cheaps blastés full pine
De la margarine
Pour graisser l’opinion publique
Dans des moules apolitiques
Aux recettes prolifiques
Des sandwichs ergonomiques
Pour appétits en fabrique
Petits plaisirs cubiques
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4. |
Simon contre la reine
04:23
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Banquette arrière
Menottes aux poignets
Le cœur me serre
Là où mes cris le soignaient
Circulation coupée
Au centre-ville
Et dans mes mains
Le manque fourmille
Et la vie bat son plein
Une toge sur la jugeote
Le juge somnole et je radote
Une défense creuse
Condamnée et rêveuse
Le mercure monte
La procureure reste gelée
Pendant qu’il grêle
Des matraques en été
Quand la cour se réunit
La Justice se travestit
Les hommes en robe
Ont le code qui dérobe
C’est un club social
C’est un bal létal
Au nom de la reine
Sacrifice dans l’arène
Au pied des marches de la cour municipale
Là où les démunis punis se parlent
Parmi les mégots et les passés à tabac
Je cherche un filtre au charabia d’avocats
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5. |
Instincts domestiques
03:18
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La tête dans flotte
Les idées en bocal
Comme un poisson en surface
Latéral
Je fais des bulles mais tôt ou tard je cale
Au niveau de la mer
Se tendait la ligne de la mort
Était-ce un rêve
Mais là parmi les cieux
J’ai vu le bout du doigt de la main de Dieu
Égrainer pluie de flocons brun orange
J’ai tendu la langue au corps du Christ pour crustacés
Quand je somnole 35 heures par semaine
Je fais place au rêve d’un instinct domestique
Qui se serait pris à soulager ses peines
Sur la console qui tous les jours fait écran
(Je somnole
35 heures
Semaine
Place au rêve
D’un instinct
Domestique
Tous les jours)
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6. |
Généalogie
02:46
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Fils du père du meuble
Perdu en forêt vierge
Contreplaqué qui fume sa branche
Fini laqué qui branle dans le manche
Bourgeon qui peine à éclore
Feuille morte
La famille déplore
Tes nervures vertes
Qui feront ta perte
Morsures d’insectes dont tu te délectes
Un coup de hache dans la généalogie
Fendu et frère de l’autre
Foutu et fouteur né
Certains sont nés la balle au pied
D’autres sont juste pieds
Et baloney
Obus sans cible précise
Tordu en forme de crise
Boyau fourré d’avariété
Saucisse fumée
Veux-tu manger?
Un coup de hache dans la généalogie
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7. |
Chanson pop
03:06
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On fait des chansons pop
Pas populaires
Si on parle au propre
C’est pas pour plaire
Avec des airs salopes
Nos langues opèrent
Des chirurgies à la broche
Brutales vipères
Le sang
Le son
La bouche de nos canons
Est pleine de plomb
De dents
Dehors
Qui se plantent dans le corps
De crosseurs d’or
Nos crocs serrent fort
On fait des chansons chères
Chômeuses et sans chaumières
On dilapide les coffres
Culture funéraire
Subventionnés à l’os
Nous les squelettes prospères
On se nourrit à la bière
Soûls
Sous terre
Solitaires
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8. |
Les narines d'Hochelaga
02:24
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9. |
Les choses à faire
04:03
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Travail travers
Brûlé m’extraire
En campagne
Récupère
Vois rouge
Vis vert
La tête à l’enfer
Et les pattes en l’air
Reclus rompu
Rancune ris plus
Retaille de ce que je fus
Morceau usé
L’estime jackée
Le cœur cadenassé
Les choses à faire
Lait chaud
Vie tiède
Remède-remède
Pilule polaire
Gelé bon air
Une cravate
Un prêt-à-braire
Bouton muté
Mouton buté
MBA délocalisé
Emploi à plat
Ventre en proie
La bile le renvoi
Vie indigeste
Plus more funeste
Les restes en pièces
Les choses à faire
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10. |
L'utilité
04:10
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L’utilité me colle à la peau
Une auréole de sueur me cerne en dévot
Qui prie pour un répit
Sursaute de son lit
La tête pleine de mauvais plis
Lugubre cartographie
Ce corps est un ennemi
Qui se tord qui glisse qui fuit
M’échappe des mains
Se dérobe en chemin
S’exhibitionne
S’exonéronne
Que je sois tacheté renié prisé bridé
C’est par la peau qu’on me harponne
La surface m’emprisonne
L’utilité me colle à la peau
Une auréole de sueur me cerne en dévot
Mon âme coule à petits flots
La timidité me tombe sur le dos
Et plie mes os jusqu’à la frontière de l’indécence
Vivement qu’on me dédouane
De la transparence
D’un corps qui floue qui flanche qu’on branche
Dans tous les sens
L’utilité me colle à la peau
Une auréole de sueur me cerne en dévot
Mon âme coule à petits flots
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11. |
Ulysse
03:18
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Tu me ramèneras une flasque de cutex
qui goutte mauvais
pour vernir mon ego
contre ce qui me ronge
parce que j’ai retrouvé
ma peur de te perdre
quelque part sur le chemin
que tu appelles routine
ah pis si tu y penses tu me ramèneras
un kit de mascara
un peu de fard
pour ton regard
avant qu’il ne dégrise
et que tu ne me voies que sans surprise
quand tu files à la pharmacie
je me défile avec ironie
on fait le jour et la nuit
des fleurs de t apis à la tapisserie
pendant que les aèdes chantaient ton nom
je m’ennuyais profond
tu jouais aux fesses
avec des déesses
je restais chaste
et maintenant sur mon corps tu t’affaisses
tu ne t’élèves plus à aucune caresse
tu jouis mollement
dégaines trojan
préfères-tu les coups de main de ton ami pharmacien?
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12. |
Tétreaultville
03:33
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J’étais rendu à Tétreaultville
J’gage que tu sais pas c’est où
Dans les franges inquiétantes de la ville
L’extrême oriental de Montréal
À la dérive je hissais mes voiles
J’étais rendu à Tétreaultville
Les moustaches mordaient au bout du fil
Et pendant que Notre-Dame criait moteur
J’étais le poisson qui priait les faveurs
De l’eau bénite pour tous les baigneurs
Oh! J’étais très très très loin
Monté à bord d’un Vaisseau d’or
Chromé oh mon trésor
Un épigone à bâbord
J’étais rendu à Tétreaultville
Au bord du gouffre incivil
C’était comme si l’île était un disque plat
Et qu’on me poussait vers le trépas
Vers les monstres de l’au-delà
Oh! J’étais très très très loin
Monté à bord d’un Vaisseau d’or
Chromé oh mon trésor
Un épigone à bâbord
J’étais sur les traces d’un poème
Louis-Hyppolyte Lafontaine
Médicamentait mes poèmes
Lueur d’asile au bout du tunnel
J’hallucinais des matelots pleins de haine
Coulant les comptes off-shore de capitaines sans-remords
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13. |
Chanson pour enfant
03:45
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Mon cœur fait des casse-têtes
Ma tête retient par cœur
Les morceaux de sa thèse
Sur l’amour des sans-cœur
C’est un arrêt sur image
Une magie sans arrêt
C’est ce qu’on sait pas ce que c’était
C’est peut-être mieux de même après
C’est une chanson pour enfant
Du sang chaud pourfendant
La gadoue des embrunis
Youpi you youpi yé
Quand le monde a sauté
On s’est tous réunis
Sur ce qui restait de débris
Youpi you youpi yé
Quand ta tête a brûlé
On s’est tous dit neurone
On a-tu eu du fun
C’est peu mais davantage
Ça peut même disparaître
Chercher de midi à quatorze heures
Le temps de passer dans le beurre
De la bave plein les doigts
Et la joie aux abois
Les os léchés par les langues mortes
Les chiens sont à la porte
Tu n’es pas maître dans ta maison
Tu pourrais naître de cent façons
C’est une chanson
Sentiers battants de fuir
Vers des chansons pour enfants
S’enfonçant au dedans
De jours
De nuits
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14. |
Parfois c'est dur
04:13
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Du café plein les veines
L’estomac passé au tabac
J’avale des kilomètres
Ankylose au mile à l’heure
Tout baigne dans l’huile
À moteur
Ma bouche mes humeurs
Je jaunis à pleines dents
Mon ventre m’applaudit de gaz hilarants
J’ai besoin d’une civière
Pour allonger mon idéal
Qui saigne depuis qu’il a regardé par en arrière
Qui est foncé dans un mur
S’est pris dans les détours vers le futur
Parfois c’est dur
Pada pada papa (chante l’ami chante!)
De la télé plein les yeux
Internet par intraveineuse
J’ai besoin d’un GPS pour retrouver le moral
Un antiphlogistine pour mon talon d’Achille
De la péridurale pour accoucher de mon mal
J’ai besoin d’une civière
Pour allonger mon idéal
Qui saigne depuis qu’il a regardé par en arrière
Qui est foncé dans un mur
S’est pris dans les détours vers le futur
Parfois c’est dur
(Mais souvent c’est mou)
Je péterai pas au frette
Sous un ciel antigel
Ni sous une lune de miel
Cariant mon amour-propre
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